09 De Ardabil au Mont Ararat

13 Novembre 2017

Dans les rues d'Ardabil, ce jeudi matin 9 novembre, des gémissements, des psalmodies, des roulements de tambours, des hommes en noir, des chevaux dansant, et un public dense, sombre qui accompagne les processions. C'est jour spécial, concernant le martyr de Hossein, et comme déjà vu en d'autres villes, des orateurs racontent en gémissant le massacre de Kerbala où Hossein périt ainsi qu'une partie de ses proches. Il est également commémoré le martyr vécu pas les membre de sa famille faits prisonniers après l’événement...

Dernières visites iraniennes

Nous préférons la tranquille visite du mausolée de Safi-od-Din, au milieu d'un charmant jardin, et dont le sarcophage trône au milieu d'autres illustres personnages. Comme au palais Ali-Capu d’Ispahan, l’intérieur du dôme est décoré de bois peint, finement découpé pour faire de jolies alvéoles.

Finalement, on ne se lasse pas de voir et revoir mosquées, mausolées, et autres palais, tellement l'atmosphère y est paisible et l'art de la construction et de la décoration, fin et délicat, tout en étant somptueux.

Pour rejoindre Tabriz ( dans laquelle Nicolas Bouvier à séjourné de longues semaines avant de reprendre sa santé et sa route), la route traverse un vaste plateau suspendu, bordé de sommets pas encore enneigés. Tabriz fait partie des 4 plus grandes villes d'Iran, et les locaux nous en vante le climat sain d'altitude (1366m). Malgré la fraîcheur et la pluie, en cette fin de semaine, bon nombre d' habitants passent la soirée dans le poumon de la ville, le jardin El-Goli, où nous plantons bivouac.

Une dernière petite mosquée (la mosquée bleue) le lendemain avant de nous rendre du côté des églises chrétiennes arméniennes de Saint-Stépanos à Jolfa (frontière avec l’Azerbaïdjan) et de Saint-Thaddeus au sud de Maku (frontière avec la Turquie).

Bien restaurés, ces 2 monastères religieux et leur petite église, se sont nichés au début de l'ère chrétienne dans des vallées perdues. Ce qui nous permet de découvrir une nature montagneuse et pittoresque, vallée de l'Araxe, rivière rouge qui forme frontière naturelle avec l'Azerbadjan, et canyons escarpés sous les montagnes turques plus à l'ouest.

A Bazargan, on suppose le Mont Ararat en train de nous narguer, bien emmitouflé dans son édredon de nuages.

Il ne perd rien pour attendre, passant la frontière ver la Turquie le jour même, nous espérons du soleil turc pour lui tirer le portrait.

Passage frontière

Toujours délicats ces passages frontières. Contrairement à notre frontière d'entrée en Iran il y 6 semaines, la frontière de Bazargan est beaucoup plus fréquentée, plus désorganisée. On ne sait pas où aller pour faire tamponner son passeport, ni à quel guichet faire valider le carnet de passage en douanes pour la sortie de l'Iran. Le flottement est général, car il y a des signes d' énervement chez les gens, tandis que les fonctionnaires de police et de douanes affichent un flegme à toute épreuve.

Des « facilitateurs » rajoutent à la confusion générale et, traquant la moindre hésitation des transfrontaliers, proposent leurs services moyennant rials , dollars ou euros. Quitte à inventer des problèmes là où il n'y en a pas, le plus souvent de mèche avec un douanier.

Ainsi, ils ont été 2 à nous menacer de retour sur Tabriz , sous prétexte que notre carnet de passage en douanes devait bénéficier d'une sorte d' extension de séjour en Iran, comme nous avons pu avoir notre extension de visa.

Le facilitateur propose alors de téléphoner au consulat pour arranger tout cela, moyennant quelques billets . Nous tenons bon, nous nions cette soi-disante formalité, nous retournons auprès du guichet et faisons le pied de grue jusqu' à ce que le douanier daigne nous tamponner le CPD.

En comptant le passage au rayons X du Défender, la démarche nous a pris 2H30. On dit ouf, quand la dernière grille est franchie.

Mont Ararat

Ce soir-là, pas plus de soleil en Turquie qu'en Iran, le Mont Ararat ne se montre pas non plus.

Nous nous décidons pour un hôtel à Dogubayazit, l'humidité et le froid ne nous inspirent pas pour un bivouac nature.

Au petit matin, grand beau ! Le Mont Ararat surplombe la ville du haut de ses 5 168m, gros patapouf posé sur le plateau, tandis que des chaînes de montagnes plus découpées l'approchent, sans le toucher.

Ce mont est mythique pour les 3 pays qu'il domine : l'Iran, l'Arménie et la Turquie.

Pourtant, il ne fait pas partie du magnifique paysage qui encadre le palais d'Ischac Pacha, perché au dessus de Dogubayazit, et construit au 18 siècle à l'emplacement de la vieille ville. La restauration qui a été faite de cet ancien palais permet d'entrevoir la vie, officielle et intime menée à l'époque, avec l'émouvant harem composé de ses 11 cellules en surplomb sur la vallée, de son hammam et de sa cuisine.

Le voile est tombé, l'Iran est 24 heures derrière nous.

Nous revoilà en Turquie qui nous offre son excellent réseau routier pour la traverser