02 Entrée en Iran

1 Octobre 2017

En ce 1er octobre, après 6 200 km, nous quittons la Turquie et entrons en Iran. Dernière halte à Van au bord de l'immense lac éponyme et 100 km avant la frontière de Khabashi.

Une semaine pour traverser cet énorme pays dans tous les sens du terme, en prenant certes, un peu de temps dans quelques sites que nous voulions voir ou revoir.

1ere étape de Turquie : La péninsule de Gallipoli droit vers le sud en quittant Kirklareli, et toujours du côté européen. Elle forme avec la côte asiatique de Canakkalé le détroit des Dardanelles, lequel rejoint la mer de Marmara et constitue l'un des 2 verrous, avec le Bosphore , entre la mer Egée et la mer Noire.

Les Dardanelles, un doux nom à l'oreille, mais un douloureux souvenir pour les alliés de la guerre 14-18. Une véritable boucherie : 170 000 morts côté anglais, 27 000 côté français et tirailleurs d'Afrique, sans compter les quelques milliers de néo-zélandais et australiens venus mourir là, à leurs antipodes.

Côté Turc, même topo, on se demande comment cette si jolie et petite péninsule a pu contenir autant de cadavres.

C'est Churchill qui voulant apporter un soutien aux Russes et remonter vers la mer Noire, pensait ne faire qu'une bouchée des Turcs alliés aux Allemands,. C'était sans compter avec la force de Turcs, (!) la connaissance de leur pays, leur encadrement par des officiers allemands, et le leadership d'un officier hors pair, Mustapha Kemal.

Entre février 1915 et janvier 1916, les alliés se sont enferrés sur la péninsule sans conquérir quoi que ce soit. Contrés par la résistance turque, et par leur propre inorganisation, ils ont essuyé défaites sur défaites, et ont fini par évacuer discrètement les survivants et les reposition en Salonique pour le front bulgare..

La péninsule est bondée de sites mémoriaux, de cimetières, de mausolées, et de scènes commémoratives en bronze et grandeur nature. Le tout impeccablement entretenu, dans un environnement de rêve donnant sur les flots bleus outremer, et dans une douce ambiance de paix (!).

Les Turcs n'ont pas lésiné sur la commémoration de leur victoire, mais, bon prince, Mustapha Kemal, l'Attaturc, a fait graver en 1934 et en plusieurs endroits une phrase rendant hommage aux Néo-Zélandais et Australiens, à l'attention de leur mère, comme quoi, ils reposaient en terre turque et en paix avec les Turcs.

Après l'avoir cherché longuement nous avons visité le cimetière français à Seddu-Baehir, à la pointe sud de la péninsule. Emouvant, 15 000 soldats sont enterrés là, dont 12 000 non identifiés...

Nous avons tenté un bivouac sur la falaise à côté du cimetière, mais nous nous sommes faits gentiment déloger dans la nuit par la police turque : territoire du gouvernement, lieu historique !

Pour rejoindre la côte asiatique, une traversée de 10mn, par un petit bac entre Kilti-baehir et Canakkalé. Et route vers la côte sud, en faisant un petit crochet par Troie, et ses cités superposées depuis bien avant Homère.

La côte est très urbanisée, les routes toujours excellentes. Petite pause en bord de mer, peu de touristes, cela fait arrière saison.

Un peu avant Izmir, à Menemen, direction plein est. Le trafic est dense, beaucoup de camions, du transport de marchandises, de matériaux, des constructions neuves tout au long des routes. Les villes se développent à vitesse grand V, , les constructions sont esthétiques, bâtiments collectifs de 6 à 10 étages maximum, balcons, inox, glaces et vitres fumées. Ce sont des programmes de plusieurs dizaines de bâtiments à chaque fois. Le pays est en plein dynamisme économique, à force de crédits à l'investissement et à la consommation, nous dira plus tard un Turc. Il nous dira aussi son inquiétude, face à la scission du pays envers son président (50/50) et l'échéance électorale de 2019. En tout cas, lui, comme d'autres, n'hésitera pas à nous évoquer le côté dictateur du chef d' Etat.

Passons au sud du lac salé. Après Konya, nous avançons sur un plateau d'altitude, plutôt désertique (entre les villes) et de couleur ocre. Ambiance algérienne présaharienne. Nous sommes à 1000 m d'altitude en continu et passages de cols à 1700 m.

Petite pause incontournable en Cappadoce, le « pays de beaux chevaux », selon les Hittites. Revoir les cheminées de fées forgées à partir des coulées de laves formées il y a 10 millions d'années , les églises creusées dans la roche, les pigeonniers et habitats troglodytes, la magie des montgolfières au lever du soleil.

Nous continuons plein est, ayant finalement décidé de passer la frontière à l'est du lac Van, que nous voulons absolument voir et qui sera plus difficile d'accès sur le retour fin novembre.

Aux abords de Kayseri, une immense montagne au sommet ourlé de nuages. 3 900 m, c'est le Erciyes Dagl, l'un des volcans responsable du tuf de la région de Cappadoce. Majestueux.

Le ruban d'asphalte continue à se dérouler, impeccable en 2 fois 2 voies, comme une autoroute. Les villes défilent, les centres commerciaux à leurs abords exposent leurs enseignes. La société de consommation est bien présente. Pour y être entrée par curiosité, j'ai été frappée par l'absence de clientèle, c'est beau, c'est grand, c'est luxueux et clinquant, et c'est tout glissant tellement le granit du sol est poli et brillant.

Terre kurde (là où il y a une majorité de Kurdes) : nous y traversons l'Euphrate (qui rejoint la Syrie), puis le Tigre (qui rejoint l'Irak), les 2 fleuves descendant des monts Taurus, le château d'eau du Moyen-orient. Petite pensée pour nos cours d'histoire sur la Mésopotamie...

Nous y croisons de nombreux barrages de police et militaires, tanks en renfort, et mitrailleuses en batterie. Nous sommes arrêtés une fois, mais plus par curiosité pour le Defender que pour un contrôle.

Chaque fois que nous avons évoqué le Kurdistan, à des Turcs, il nous a été rétorqué, qu'il n'y avait pas de « Kurdistan » en Turquie... on fera plus attention ultérieurement !

Nous avons cependant déjeuné d'un plantureux plat de grillades dans la capitale du K...., Diyarbakir.

Après Silvan, les villes se font villages, les maisons sont plus rudimentaires, construite en terre crue, la ruralité se manifeste par les nombreux troupeaux de berbis.

La montagne est pelée, et les vallons sont verdoyants, rappelant les paysages du Tadjikistan et de l'Afghanistan.

Les derniers km turcs se feront en montagne, les sommets frôlent les 4000. Le temps est magnifique et le décor somptueux.

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L'Euphrate