03 Welcome In Iran

12 Octobre 2017

Publication depuis Jazd où nous sommes arrivés ce soir vendredi 13.

Pause à Ispahan (Esfahan). Cela fait 10 jours que nous sommes en Iran. Zoom arrière...

Nous pensions franchir la frontière iranienne le 1er octobre, mais dans le goulot d’étranglement que forme cette haute vallée qui se resserre à 2000m, un gros chantier et pas un douanier. La route se termine au dernier village turc, Kapikoy,, juste au-dessus. Les quelques ouvriers présents nous font comprendre que la frontière est fermée et rouvre à 9h le lendemain. Bivouac en altitude donc, dans un pâturage non loin de la voie ferrée. Le matin à 6h30, une marée de moutons frôle le Defender. C'est le top départ pour la frontière.

Rien à voir avec le désert de la veille au soir. A 7h30, les files de voitures et camions se faufilent déjà entre les baraquements du chantier. En attendant l'ouverture des grilles, nous sommes conviés par une famille à un petit déjeuner kurde, avec pain anisé, fromages kurde aux herbes et tchaï. Discussions sur la cause kurde. Et premiers signes de l’hospitalité iranienne.

La grille s'ouvre et la suite se passe sereinement. Malgré le désordre apparent, notre égarement quant aux différents guichets et leur fonction, nous obtenons les tampons sur nos passeports et sur le carnet de passage en douane du Defender.

Nous voici en Iran, entrés par une petite porte du nord-ouest, dans la province de l'Azerbadjan.

Même décor montagneux qu'en Turquie, mais pas les mêmes voies de circulation : route cabossées et sinueuses, circulation dense et stressante.

Khoy :change auprès d'une banque. Avec 100 €, nous devenons millionnaires : 4 500 000 Rials ! Heureusement qu'il y a des coupures de 100 000 et 500 000 rials. A savoir, les échanges commerciaux s'effectuent en Tomans, c'est à dire que le prix est annoncé avec un zéro en moins, mais il faut le comprendre avec un zéro en plus...

La recherche de gaz-oil n'est pas évidente non plus, toutes les stations n’en n'ont pas. Voir où les camions et autobus se rendent. Mais les gens qui nous renseignent se font un plaisir de nous guider.

Au sortir de la station,c'est grande satisfaction par rapport à chez nous : on fait 80 litres avec moins de 8 € .

Le soir, bivouac trouvé de nuit dans une carrière, peu avant Kandovan, un village troglodyte au sud de Tabriz. C’est un cul de sac, mais nous poursuivons le lendemain, plein sud par des pistes de hauts plateaux frisant les 3500m. A part des bergers, leurs chiens, leurs ânes et leurs troupeaux, nulle âme qui vive. Ambiance.

A Maraqeh, nous tombons en pleine célébration du martyr d'Hossein : drapeaux et fanions noirs ornent la ville, hommes habillés de noir, processions au son du tambour et commémoration théâtralisée de la mort de l'imam Hossein, fils d'Ali , le gendre de Mohamet, à l'origine du chiisme.

Dans la foule de spectateurs, des hommes pleurent, certains portent des fouets pour se martyriser. Les femmes n'ont pas droit au chapitre, certaines, telles des cônes noirs sous leur tchador, observent de loin ces manifestations de lamentations. Nous sommes en plein mois musulman de Moharram, et chaque jour, et partout, avec plus ou moins d'intensité, est célébré ce martyr.

La cérémonie de Maraqeh nous oppresse, nous laissons là le spectacle d'autant qu'il peut durer plusieurs heures.

Non loin de Takab, le cratère d'un volcan mal éteint, se dresse , isolé sur un plateau. La vision de son lac, à 80m de profondeur, se mérite par un sentier raide. De là-haut, on aperçoit le site du Trône de Salomon, site archéologique datant des Sassanides, au 3ième siècle de notre ère. Étonnant par la bonne conservation de ses murailles, ses colonnes et ses portes monumentales. Fin d'après midi sur ce site, avec soleil couchant. Bivouac aux abords. Le froid se fait sentir, les sommets se couvrent de neige dans la nuit.

Kermanshah, Taq-e-Bostan, Bisotun : dans la Province du même nom, Kermanshah se situe au pied d'une muraille de sommets rocheux immenses, tout rosis par le soleil levant ou couchant. Les Sassanides, mais bien avant eux les Perses, y ont sculpté des bas-relief dans les sites de Taq-e-Bostan et de Bisotun. La visite s’impose et c'est impressionnant d'imaginer ces travaux de modelage de la roche, d'il y a 2500 ans et 1500 ans.

L'impossible bivouac

Nous sortons du site archéologique de Bisotun quand il fait presque nuit. Rechercher un bivouac à la nuit dans cet environnement très habité relève du défi. A 20km nous investissons un champ moissonné, des villages scintillent alentours . Sur la piste, une mobylette passe, repasse, nous sommes repérés ! Puis la police vient nous déloger gentiment, mais fermement, et nous convoie au poste du village (policier et militaires y cohabitent). Rapport de police, empreintes digitales, passeports, visas, tout se fait dans la bonne humeur, mais il faut que nous retournions à Kermanshah (40 km), ce que l'on refuse, on ne veut pas rouler de nuit.. On est reconvoyé puis lâché sur Bisotun, où nous posons nos roues sur le parking du site archéo. Moins d'1 heure plus tard, un homme habillé de noir, nous engage férocement à dégager et nous demande nos passeports. Il nous semble avoir à faire avec un faux policier, nous faisons les innocents. L'homme part, ouf !, mais revient avec une voiture de police et 2 policiers sur lesquels il paraît avoir autorité. Invités à les suivre dans un autre poste de police, on leur montre notre index tout maculé d'encre : « «déjà fait ! » Ca s'engueule entre policier et homme en noir. Finalement, nous voici escortés via l’intérieur du site, réouvert pour nous, au pied de la falaise sculptée sous Darius 1er, il y a 2500 ans, et éclairée par un grosse lune ronde. Belle traversée pour nous conduire à l'autre bout, dans un caravansérail, restauré en hôtel de luxe. Nous y finirons la nuit, dans une chambre quasiment cédée sous la pression de la police. Bivouac cauchemardesque se terminant en conte des mille et une nuits !

Plus conviviale, l'aventure du lendemain, lors d' un bivouac que nous pensions isolé, au pied d'un sommet des Mont Zagros, culminant à 4 200m. Invités par les plus proches voisins, une petite pisciculture familiale à dîner, dormir et petit-déjeuner...Jolie rencontre, et sans un mot de vocabulaire commun, on a quand même compris que les alevins venaient de France et que les truites, une fois grandies, partaient sur Téhéran pour être exportées en Russie, Ukraine...

Toute cette partie nord-ouest de l'Iran est fortement kurde. Tous les Kurdes rencontrés annoncent la couleur dès le départ, ils sont très fiers de cette appartenance, et ont un œil très critique de la politique nationale. Du poids du « religieux », notamment. Parmi les provinces traversées dans cette descente vers le sud, figure en particulier le Kurdistan. Les femmes y sont voilées plus joyeusement, les hommes sont en pantalons bouffant et portent un turban enroulé à la diable autour du crâne.

Ispahan : 2 jours de tourisme sur les principaux spots de la ville : mosquée du vendredi, place de l'Imam, mosquée de l'Imam, mosquée de Lotfollâh, les palais d'Ali Qâpu, des 8 paradis, des 40 colonnes, le pont des 33 arches (sur une rivière sans eau), le quartier arménien et sa cathédrale, le Bazar. Autrefois capitale, les monuments grandioses et la structure actuelle de la ville sont du fait du grand bâtisseur Shah Abbas 1er, contemporain de Henri IV.

Nous y rajoutons 1 jour de tourisme médical pour cause de calcul rénal de François : hôpital, scanner, échographie , urologue, pharmacie... moins sympa que les 2 jours précédents, mais intéressant et efficace. Merci au réceptionniste de l'hôtel où nous crêchons, qui nous a accompagnés (colique néphrétique en farsi ?).